26 juillet 2019, Québec

LES CINQ AXES D’UNE VÉRITABLE POLITIQUE AGRICOLE

(Québec, 22 septembre 2022)   « Sous un LEADERSHIP RENFORCÉ du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, une politique agricole devrait être mise en place et comporter minimalement cinq axes de renouveau », selon les co-présidents de l’Institut Jean-Garon, MM Michel St-Pierre et Guy Debailleul.

Une révision en profondeur des modes de soutien à l’agriculture.  L’aide financière est actuellement basée sur les superficies (remboursement des taxes foncières) et les volumes de certaines productions (assurance stabilisation).  De façon graduelle et respectueuse des investissements que les producteurs ont été amenés à faire par ces politiques subventionnaires, ce mode de financement devrait être remplacé par des CONTRATS POUR SERVICES RENDUS À LA SOCIÉTÉ. De la sécurité alimentaire à la vitalité des régions, en passant par la protection des écosystèmes, ces services sont multiples.  Leur reconnaissance et leur valorisation ouvriraient la voix à la nécessaire diversification des modèles agricoles et à la revitalisation de la ruralité québécoise.

Mettre en place des plans de développement agricole pour chaque région s’appuyant sur la multifonctionnalité, la diversification et l’occupation du territoire Partout sur la planète, l’agriculture s’est industrialisée, spécialisée et concentrée avec des effets spectaculaires et souvent positifs mais aussi des effets pervers. Ainsi, 40 % de notre territoire agricole protégé n’est pas en exploitation et des pans complets de nos régions, et pas uniquement celles dites périphériques, sont en voie d’être désertées de leur agriculture. Ces tendances ont été encouragées et accélérées par les politiques gouvernementales des cinquante dernières années et elles devraient être atténuées par le prochain gouvernement par des politiques mieux ciblées aux besoins et potentiels spécifiques de chaque territoire.

Obliger la Régie des marchés agricoles et alimentaires à mieux jouer son rôle.  Gardienne de l’équilibre entre les devoirs et les intérêts de tous les intervenants de la chaîne alimentaire, des producteurs aux consommateurs, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) ne joue pas adéquatement son rôle et ne se sert pas des outils déjà prévus dans la Loi pour le jouer. Elle ne réussit pas à équilibrer les pouvoirs extraordinaires des fédérations gestionnaires des plans conjoints bénéficiant de ressources immenses et celle de producteurs isolés, de petites associations et des représentants des consommateurs aux ressources très limitées.

Déjà, en 2008, le Rapport Pronovost recommandait de modifier le processus de nomination des membres de la Régie en donnant un pouvoir de recommandation égal aux producteurs, aux transformateurs et aux consommateurs.  Un prochain gouvernement doit s’engager à donner suite à cette recommandation

Rendre la recherche autonome et développer des services-conseils à davantage de productions en tenant compte des changements climatiques. Les différents centres de recherche en agriculture et alimentation sont largement subventionnés par les gouvernements, ici comme ailleurs. Dans le cas du Québec, l’actualité récente a mis en lumière le peu de contrôle que le gouvernement exerce sur ces organismes dont l’orientation et la gestion ont été déléguées à des organisations syndicales ou corporatistes.  Le résultat est que certaines pratiques agronomiques et certains modèles sont mieux servis que d’autres.

Les chercheurs et les représentants du MAPAQ devraient avoir une voix prépondérante dans ces instances. De même, les conseils d’administration qui dirigent ces organismes doivent être plus diversifiés et doivent faire une place importante à des personnes indépendantes pour assurer une gouvernance plus transparente, moins soumise à des intérêts à court terme, le tout sur la base du principe voulant que les fruits de ces  recherches financées  par le public ne sont pas des « biens privés », mais des « biens publics ».

Développer les services-conseils et de formation de l’État pour appuyer l’innovation et l’amélioration des pratiques.  Comme la recherche, les services-conseils et de formation ont connu un fort désengagement du MAPAQ au profit d’organismes  syndicaux ou corporatifs. Ils se sont également orientés vers un nombre restreint de production. Là aussi,  le MAPAQ doit opérer un virage et reprendre son leadership.

Selon l’Institut, l’adoption d’une politique incorporant des axes de renouveau devrait faire l’objet d’un engagement ferme d’un prochain gouvernement et enclencher un dialogue entre la société et le monde agroalimentaire. Cette politique devrait s’appuyer sur des objectifs agricoles nationaux mettant l’accent sur la sécurité alimentaire, la protection des ressources et l’occupation du territoire et faire l’objet d’une révision aux cinq ans.

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Source :  Simon Bégin, 581-745-6819

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