À quoi devrait servir notre agriculture

(Québec, 28 septembre 2022)   Depuis longtemps, le Québec a fait le choix de soutenir financièrement son agriculture, à l’instar des autres nations. L’Institut Jean-Garon ne remet pas en question cette volonté mais estime que l’État devrait réorienter son soutien en fonction d’objectifs réclamés par la société.

L’agriculture peut rendre d’énormes services à la société, à commencer par la NOURRIR, mais aussi OCCUPER LE TERRITOIRE, PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT et les paysages, soutenir l’économie…  Ces services pourraient être d’une toute autre ampleur si les politiques et programmes hérités des années 60 et 70 étaient ajustés aux besoins et inquiétudes d’aujourd’hui.

Dans sa déclaration, l’Institut propose des axes de renouveau qui permettraient d’avancer vers ces objectifs, graduellement, en respectant les efforts et investissements réalisés par les différents maillons de la chaîne en fonction des politiques et programmes du passé.

Actuellement, l’essentiel des subventions agricoles sont versées sans exiger un quelconque bénéfice pour la société québécoise. Le remboursement des taxes foncières ou l’assurance stabilisation sert à soutenir des productions, sans se demander si ces produits aboutiront sur le marché du Québec ou à l’étranger, ni s’il y aura dégradation de la qualité de l’eau et érosion des sols, ou encore s’il y aura création d’emplois en région au lieu de l’actuelle concentration près des centres urbains.

En somme, l’Institut Jean-Garon  propose de graduellement délaisser un système de subventions pour en arriver à des CONTRATS POUR SERVICES RENDUS À LA SOCIÉTÉ. Pour l’Institut, notre agriculture a le potentiel de devenir un incroyable outil de développement régional et contribuer à notre autonomie alimentaire, tout en protégeant nos ressources.

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Source :  Simon Bégin   581-745-6819

Les cinq axes d’une politique agricole

(Québec, 21 septembre 2022)

  • « Sous un LEADERSHIP RENFORCÉ du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, une politique agricole devrait être mise en place et comporter cinq axes de renouveau », selon les co-présidents de l’Institut Jean-Garon, MM Michel St-Pierre et Guy Debailleul.
  • Une révision en profondeur des modes de soutien à l’agriculture.  L’aide financière est actuellement basée sur les superficies (remboursement des taxes foncières) et les volumes de certaines productions (assurance stabilisation).  De façon graduelle et respectueuse des investissements que les producteurs ont été amenés à faire par ces politiques subventionnaires, ce mode de financement devrait être remplacé par des CONTRATS POUR SERVICES RENDUS À LA SOCIÉTÉ. De la sécurité alimentaire à la vitalité des régions, en passant par la protection des écosystèmes, ces services sont multiples.  Leur reconnaissance et leur valorisation ouvriraient la voix à la nécessaire diversification des modèles agricoles et à la revitalisation de la ruralité québécoise.
  • Mettre en place des plans de développement agricole pour chaque région s’appuyant sur la multifonctionnalité, la diversification et l’occupation du territoire Partout sur la planète, l’agriculture s’est industrialisée, spécialisée et concentrée avec des effets spectaculaires et souvent positifs mais aussi des effets pervers. Ainsi, 40 % de notre territoire agricole protégé n’est pas en exploitation et des pans complets de nos régions, et pas uniquement celles dites périphériques, sont en voie d’être désertées de leur agriculture. Ces tendances ont été encouragées et accélérées par les politiques gouvernementales des cinquante dernières années et elles devraient être atténuées par le prochain gouvernement par des politiques mieux ciblées aux besoins et potentiels spécifiques de chaque territoire.
  • Obliger la Régie des marchés agricoles et alimentaires à mieux jouer son rôle.  Gardienne de l’équilibre entre les devoirs et les intérêts de tous les intervenants de la chaîne alimentaire, des producteurs aux consommateurs, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ) ne joue pas adéquatement son rôle et ne se sert pas des outils déjà prévus dans la Loi pour le jouer. Elle ne réussit pas à équilibrer les pouvoirs extraordinaires des fédérations gestionnaires des plans conjoints bénéficiant de ressources immenses et celle de producteurs isolés, de petites associations et des représentants des consommateurs aux ressources très limitées. Elle se donne parfois le droit de modifier la Loi!

Déjà, en 2008, le Rapport Pronovost recommandait de modifier le processus de nomination des membres de la Régie en donnant un pouvoir de recommandation égal aux producteurs, aux transformateurs et aux consommateurs.  Un prochain gouvernement doit s’engager à donner suite à cette recommandation

  • Rendre la recherche autonome et développer des services-conseils à davantage de productions en tenant compte des changements climatiques. Les différents centres de recherche en agriculture et alimentation sont largement subventionnés par les gouvernements, ici comme ailleurs. Dans le cas du Québec, l’actualité récente a mis en lumière le peu de contrôle que le gouvernement exerce sur ces organismes dont l’orientation et la gestion ont été déléguées à des organisations syndicales ou corporatistes.  Le résultat est que certaines pratiques agronomiques et certains modèles sont mieux servis que d’autres.

Les chercheurs et les représentants du MAPAQ devraient avoir une voix prépondérante dans ces instances. De même, les conseils d’administration qui dirigent ces organismes doivent être plus diversifiés et doivent faire une place importante à des personnes indépendantes pour assurer une gouvernance plus transparente, moins soumise à des intérêts à court terme, le tout sur la base du principe voulant que les fruits de ces  recherches financées  par le public ne sont pas des « biens privés », mais des « biens publics ».

  • Prévoir des mécanismes de révision en fonction d’objectifs mesurables pour s’assurer du bénéfice envers notre société. Ces objectifs devraient être:

-nourrir notre population

-protéger nos ressources comme l’eau, les sols, les travailleurs.

-occuper le territoire de façon décentralisée.

L’Institut croit que notre société ne peut plus se permettre de mettre en place des programmes et des pratiques sans révison périodique, par exemple aux 5 ans.

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