Jacques Baril
Député de la circonscription d’Arthabasca (1976-85 et 1989-03)
Ex Adjoint parlementaire à l’agriculture
Ex Ministre délégué aux Transports et à la Politique maritime
Jean Garon un homme d’action
Dès mes premières rencontres un lien d’amitié et de grande collaboration s’est tissé.
Travailleur acharné, il a démontré sa capacité, son vouloir et sa ténacité à faire de l’agriculture un secteur économique important pour le Québec.
Il a vite reconnu que les femmes et les hommes qui nourrissent les gens méritaient du support et de l’admiration.
En plus de toutes les lois, les programmes d’aide à la modernisation et la diversification de la production agricole, je lui ai dit souvent : « Jean tu as donné ce qui est le plus cher au monde agricole : la fierté. »
Avec son concours : Fleurir le Québec, nos villes et campagnes furent plus enjolivées. Jean disait souvent : « Il est plus attrayant de voir des fleurs accrochées aux fenêtres qu’un «veneer» qui bouche la fenêtre. »
Encore aujourd’hui, que ce soit comme député du comté de Lévis, comme ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation et comme maire de Lévis, Jean Garon fût un homme convaincu et convainquant.
Il a également marqué sa génération par sa façon de s’exprimer.
Ses réalisations et son grand humanisme font de Monsieur Jean Garon un personnage qui ne s’oubliera pas.
Louis Bernard
O.Q. (Officier de l’Ordre national du Québec)
Secrétaire général du gouvernement du Québec (1997-85 et 1994-95
Hommage à Jean Garon
Monsieur Jean Garon fut un des ministres les plus importants du gouvernement de M. René Lévesque, à titre de ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, ainsi que du gouvernement de M. Jacques Parizeau, à titre de ministre de l’Éducation.
Sous la gouverne de M. Garon, l’agriculture québécoise a connu une transformation radicale qui lui a permis de prendre une place de plus en plus grande dans l’économie du Québec. Des lois et des réformes fondamentales qui étaient espérées depuis longtemps, comme la loi sur la protection du territoire agricole, la révision du crédit agricole, le soutien des revenus agricoles, la réforme des plans conjoints dans l’industrie du lait et du sirop d’érable, le financement de l’aménagement des sols arables, l’assurance récolte sont autant de gestes majeurs qui demeurent, encore aujourd’hui, à la base de la prospérité de nos agriculteurs.
M. Garon a également contribué à revigorer une industrie de la pêche qui avait jusqu’alors été fortement négligée. Il a récupéré du gouvernement fédéral plusieurs pouvoirs au profit des pêcheurs québécois, a encouragé la construction de nouveaux bateaux de pêche et a assuré le financement de la transformation des entreprises et des coopératives de pêcheurs.
À titre de ministre de l’Éducation, il a, en un an, préservé la dernière école des paroisses rurales, revalorisé l’enseignement professionnel et convoqué les premiers états-généraux de l’éducation.
La contribution de M. Jean Garon au progrès et au développement du Québec est inestimable. De tous les ministres que j’ai connus durant les neuf années où j’ai exercé les fonctions de secrétaire-général du gouvernement du Québec, M. Garon est certainement l’un de ceux pour qui j’ai gardé le plus d’admiration et d’estime.
Yvan Breton
Professeur retraité, anthropologie des pêches, Université Laval
Comme plusieurs jeunes Québécois dans les années 70, j’ai suivi de près la consolidation du Parti Québécois et la présence remarquée de M. Jean Garon, aux côtés de René Lévesque, éventuellement devenu premier ministre du Québec. Originaire de mon conté natal, celui de Bellechasse, il a toujours manifesté un grand intérêt pour les pêcheurs et les agriculteurs du Québec. A preuve, ses nombreuses interventions pour la modernisation du secteur halieutique et la préservation des terres agricoles menacées par l’industrialisation. Ces contributions, dont les résultats sont encore manifestes aujourd’hui, méritent d’être soulignées par le comité de toponymie de manière à ce qu’elles soient reconnues à leur juste valeur.
Denis Cadrin
Abbé, curé de la Paroisse Saint Joseph-de-Lévis (2000 -2012)
Je signerai avec plaisir la lettre ouverte appuyant le projet de boulevard Jean-Garon pour laisser une autre trace de ce grand homme qui a laissé sa marque à Lévis et que j’ai bien apprécié. Bravo pour votre belle initiative et le soutien des personnes qui encouragent cette belle démarche en vue d’honorer la mémoire de ce personnage remarquable qui a marqué Lévis et la province par ses engagements et ses talents au service de la communauté et du peuple québécois !
Je travaille maintenant à Ste-Foy, mais je demeure à Lévis, secteur St-Nicolas, voisin du Complexe aquatique, un autre des projets qu’il a initiés. Plein succès pour la suite des choses !
Michel Chaloult
Ami de jeunesse de Jean Garon
J’ai connu Jean au collège des Jésuites de Québec. Nous sommes rapidement devenus de bons amis. Comme nous demeurions tout près l’un de chez l’autre, nous parcourions régulièrement à pied le chemin jusqu’au collège. Jean aimait discuter : politique surtout mais aussi science, économie, actualités. Nous arrivions avant d’avoir terminé le sujet du jour, mais il nous restait le retour…
Je me souviens de sa joie, et de son excellence, lorsqu’il avait été choisi pour participer au parlement modèle à la fin des années 50. Je me souviens aussi d’avoir passé avec lui le mois de mai 1958 au chalet de son père à Saint-Michel de Bellechasse, où nous avions préparé nos examens du baccalauréat de la fin du cours classique. Un fait particulier s’accroche à ma mémoire, fait qui annonce l’orientation politique de Jean : le 13 mai 1958, Charles de Gaule accédait au pouvoir en France. Nous étions accrochés à notre appareil radio pour mieux connaître le développement de la situation. Jean clamait sa joie haut et fort.
Plus tard, au cours de sa riche carrière politique, cette orientation nationaliste s’est confirmée. Je crois qu’il représentait très bien les tendances politiques de la région de Québec. Un peu trop diraient certains : ce qui lui a peut-être coûté la course au leadership en 1985… Mais tout le monde le reconnaît aujourd’hui, Jean Garon fut sans conteste le meilleur ministre de l’Agriculture de l’histoire du Québec, meilleur semble-t-il qu’Adélard Godbout, qui pourtant ne le cédait pas en excellence.
Cet homme exceptionnel mérite bien un boulevard en son nom, le Boulevard Jean-Garon.
Vincent Couture
Historien et consultant en histoire
Jean Garon était un homme politique très près des gens de son comté et de sa ville. Il avait le souci du respect du patrimoine et ce n’est pas étonnant qu’il avait de l’admiration pour mon ancêtre Guillaume Couture. En tant qu’indépendantiste, il savait ce que représentait l’importance de mettre la langue française, la culture et l’histoire du Québec au même niveau. Son franc parler le distinguait chez ses collègues à l’Assemblée nationale, mais il avait le don de dire les vraies affaires pour faire avancer les dossiers. Ce n’est pas étonnant qu’il se disait «populiste avec un côté pitbull».
Ainsi, c’est pour cette raison que les Lévisiens l’ont tant apprécié en tant que député et maire. Je l’ai connu au milieu des années 1980 lorsqu’il a travaillé pour l’aménagement du Parc du mémorial des militaires (aujourd’hui le Parc de la Paix) en plus de l’avoir côtoyé lors de plusieurs célébrations dont la Fête nationale et diverses commémorations. Pour tout ce qu’il a accompli à Lévis, il mérite grandement cet honneur de la part de sa ville adoptive.
Antoine Dubé
Député de la circonscription fédérale de Lévis (1994-2003),
président de la Société nationale des Québécois (SNQ) Chaudière-Appalaches
Jean Garon a été le meilleur ministre de l’agriculture de l’histoire du Québec. Entièrement dédié à sa mission comme ministre et député, il en oubliait même sa santé. Il était extrêmement déterminé, il avait une mémoire exceptionnelle et un sens stratégique très développé. L’un des politiciens les plus drôles de sa génération.
Cyril Dubé
Cyril Dubé est l’auteur du texte de présentation de la candidature de Jean Garon
au Temple de la renommée de l’agriculture du Québec, le 2 mars 2015.
Une reproduction partielle de ce texte apparaît ci-dessous.
Jean Garon a été à l’agriculture ce que René Lévesque a été à l’électricité au Québec
Alors que notre société éprouve une sorte de fatigue pour la politique, Jean Garon, décédé le 1e juillet 2014, y a laissé un souvenir d’engagement profond, de détermination, de dynamisme, d’amour-passion envers l’agriculture et les agriculteurs, d’enthousiasme contagieux, de conviction tenace, d’honnêteté et d’une indiscutable intégrité, dans sa vie consacrée au service public.
Un politicien qui ne suscite pas de controverse est un politicien passif. Jean Garon est à classer dans les « hyper actifs » et il a probablement laissé sur son chemin des personnes blessées dans le feu de l’action. Tous les politiciens sont assujettis aux mêmes risques mais le sont davantage ceux qui ont leur franc-parler. Les personnes que M. Garon a pu bousculer doivent pouvoir aujourd’hui, après son décès, relativiser l’importance du camouflet reçu à l’aulne des bienfaits que ce grand personnage a apportés à la collectivité.
Décrit comme étant celui qui a amené l’agriculture dans un état de modernité par M. Yvon Picotte, un de ses successeurs au ministère de l’Agriculture, à la fois adversaire et ami, on dira de lui qu’il a bâti sa réputation durant son premier mandat. Admettant lui-même sa surprise d’être nommé Ministre de l’Agriculture vue sa méconnaissance du milieu agricole, il misera plutôt sur sa formation de juriste et d’économiste pour jalonner son parcours de mesures ambitieuses mais rafraichissantes pour convaincre les agriculteurs qu’ils étaient des piliers essentiels de la société. Par ses talents de communicateur, il a gagné aussi l’appui de la population en général, aux mesures de soutien à l’agriculture en tant que secteur à défendre et à protéger à fort potentiel de développement économique et social. En somme, c’est l’anti-vision du courant sociétal qui considérait ces mêmes producteurs comme des chialeux quémandeurs : ça, c’était l’avant-Garon.
Il a sincèrement aimé l’agriculture et adoré les agriculteurs pour leur fierté, leur force, leur courage, mais aussi les industriels de l’alimentation en amont comme en aval de la production pour leur goût du risque calculé et leur partage de l’objectif de l’autosuffisance alimentaire, passée de 47% en 1976 à + de 80% en 1985. Pour nourrir le Québec, il a eu cette audace et ce flair d’asseoir à la même table, producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs, fournisseurs,gouvernement, à coups de conférences socio-économiques et de sommets (les grands-messes à Garon). Mais il fallait que les budgets suivent et ils suivirent, en hausse constante sous sa gouverne, avec l’appui de René Lévesque. Bref, sa relation avec le secteur de l’agriculture, des pêcheries et de l’alimentation a été une affaire de cœur autant que de raison et, à l’évidence, de passion.
On trouvera la version intégrale de ce texte dans l’Annexe 1 à la page 53, suivie d’une entrevue du président de l’UPA dans la Terre de chez nous du 9 juillet 2014, quelques jours après le décès de Jean Garon.
Pierre Fortin
Natif de Lévis, professeur émérite,
département des sciences économiques, UQÀM
Monsieur Garon, c’est l’homme de cœur dont la ténacité a permis au Québec de protéger enfin pour vrai son territoire agricole et à Lévis de renaître comme grande ville moderne unifiée. C’est simplement dans l’ordre des choses que soit reconnue et vénérée son immense contribution économique et sociale, dont nous bénéficions tous aujourd’hui.
André Gaulin
Député de la circonscription de Taschereau à l’Assemblée nationale (1994-98),
professeur émérite de Université Laval,
commandeur de l’Ordre des Palmes académiques de France
J’ai toujours eu beaucoup de considération et de l’estime pour monsieur Jean Garon.
Il fut un citoyen déterminé pour l’émancipation du Québec, ce qui nous a rapprochés.
J’accepte volontiers d’être cosignataire de la démarche toponymique visant à honorer sa mémoire. Le grand Boulevard de Lévis concerné, devenu Boulevard Jean-Garon, serait pour les Lévisiens et tous les usagers le rappel constant d’un grand Québécois.
On a souvent évoqué le mérite de Jean Garon comme ministre pour assurer l’autosuffisance alimentaire des Québécoises et Québécois. On a moins souligné qu’en assurant par loi la protection du territoire agricole du Québec, il a aussi protégé la beauté exemplaire de notre paysage rural.
Je souhaite que la ville de Lévis, riche de patrimoine bâti, souscrive à cette démarche de mémoire !
André Hamel
Conseiller municipal à la ville de Lévis (1984-2009)
Jean Garon était un politicien convaincu et fier de représenter ses concitoyens(nes), et ce, peu importe leurs besoins. Il était un homme politique disponible et désireux de répondre aux gens dans la recherche de solutions à leurs problèmes. Il ne comptera jamais ses heures de travail consacrées aux nombreux et importants dossiers dans lesquels il était engagé, et tout ça, sans négliger sa précieuse famille qui était sa raison d’être
Jamais ne pourra-t-on reprocher à Jean Garon son manque de franchise. Il était franc, direct et défendait avec beaucoup de vigueur ses positions. Après son passage remarqué à la politique provinciale, il se dirigera vers la mairie de la ville de Lévis où il deviendra maire. Une fois de plus, il marquera son passage à un poste important. Son expérience et sa formation bénéficieront à la population de Lévis dans la création de la nouvelle grande Ville de Lévis.
Pour moi, Jean Garon fut un politicien visionnaire et je suis heureux de l’avoir connu et d’avoir travaillé auprès de l’homme du peuple qu’il était.
Michel L’Hébreux
Auteur, directeur d’école
J’ai assez bien connu M. Jean Garon tout au long de sa carrière politique pour différentes raisons. D’abord, comme nous habitions le même quartier, nos occasions de rencontres étaient assez fréquentes. Aussi certains dossiers qui me préoccupaient particulièrement ont permis entre nous des échanges très intéressants.
M. Jean Garon a toujours été un travailleur acharné. C’était un homme entier, déterminé, avec des convictions très profondes. D’ailleurs, les nombreux dossiers qu’il a menés à terme en témoignent. Je n’en retiendrai que deux qui me concernent particulièrement, laissant à d’autres personnes le soin de parler de ses autres réalisations.
D’abord, il y a quelques années, le CSSS Alphonse-Desjardins m’avait demandé d’écrire un livre pour raconter l’histoire de l’Hôpital Paul-Gilbert de Charny. Les recherches que j’ai effectuées à ce sujet m’ont permis d’apprendre qu’au mois d’avril 1977, le Conseil des ministres du gouvernement avait pris la décision de fermer définitivement l’Hôpital Notre-Dame de Charny, devenu désuet. C’est alors que la population s’est mobilisée et a fait appel au député-ministre du comté de Lévis, M. Jean Garon. Ce dernier leur a mentionné devant un auditoire surchauffé lors d’une séance d’information publique tenue le 9 mai 1977 « Si vous voulez garder votre hôpital, vous allez le garder ».
Dès lors, un vent d’optimisme a commencé à souffler et une bataille qui a duré 10 ans a permis à la population, qui était soutenue et accompagnée par son député Jean Garon, de remporter la victoire malgré de nombreuses embûches et tergiversations qui sont venues compliquer le dossier. Le ministre Jean Garon, grâce à sa ténacité, a réussi à force d’arguments, à faire renverser la décision du Conseil des ministres. C’est ainsi que le 11 janvier 1985, M. Garon était fier d’annoncer la construction d’un nouvel hôpital à Charny comprenant deux unités de soins et un bloc de services. C’est donc à cet homme, qui avait à cœur les intérêts de ses concitoyens, à qui nous devons aujourd’hui le Centre Paul-Gilbert.
Aussi, plusieurs savent que depuis de nombreuses années je suis un ardent défenseur du Pont de Québec. M. Jean Garon partageait également ma passion pour ce chef-d’œuvre d’ingénierie. Il a toujours démontré un grand intérêt pour la sauvegarde de ce bien patrimonial. J’ai toujours bien apprécié les déclarations qu’il a faites à ce sujet, ainsi que les nombreux articles de journaux qu’il a publiés, dans le but de sensibiliser la population et les responsables concernés pour un meilleur entretien du plus long pont cantilever au monde. Sa présence aux lancements de mes livres sur le sujet constitue une belle preuve de son intérêt pour le pont.
Il y aurait beaucoup plus à dire concernant cet homme exceptionnel qui a de nombreuses réalisations à son actif. Toutefois, ce qui est remarquable chez lui, c’est qu’il soit toujours demeuré un homme simple et près de la population qu’il desservait, malgré les fonctions importantes qu’il a occupées au cours de sa carrière politique.
Carole Légaré
Artiste et préservatrice de patrimoine
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’apporte mon soutien à la conversion d’un tronçon de la route Kennedy en boulevard Jean-Garon. Ce dernier a été une figure marquante pour la ville de Lévis et pour la province de Québec et il serait plus qu’honorable de lui rendre un peu des efforts immenses qu’il a déployés pour notre municipalité. Cet hommage lui est dû et je me surprends qu’une telle initiative n’ait pas déjà été réalisée, voire même que plus d’un lieu ne soient pas déjà nommés à son nom.
Récipiendaire du prix Étienne-Chartier à titre de Patriote de l’année en Chaudière-Appalaches, honneur que j’ai en commun avec M. Jean Garon, je m’implique depuis des décennies pour faire connaître l’histoire de la ville de Lévis, préserver son patrimoine littéraire et politique et mettre en valeur les figures importantes de notre région. Je me dois donc d’apporter mon appui à votre projet, car M. Garon fait sans aucun doute partie des personnages importants de notre histoire et de l’inscrire dans la trame urbaine qu’il a rendue possible n’est qu’un juste retour des choses.
Oui, j’ai aimé travailler avec le « grand » Jean Garon. J’ai été très touchée de l’intérêt qu’il portait à mes projets culturels et de sa bienveillance à mon égard. Je me remémore avec plaisir un agréable soir d’été, un 24 juin, où il était venu lire de sa poésie dans le jardin de la Maison natale de Louis Fréchette.
J’espère que ce projet devienne réalité et qu’on puisse enfin rendre hommage à M. Garon.
Alain Lemaire
Maire de Charny (1998-01), conseiller municipal à la ville de Lévis (2001-09)
Membre du Comité exécutif de la ville de Lévis 2001-2006
Jean Garon avec qui j’ai travaillé lors du premier conseil municipal de la nouvelle ville de Lévis était un homme honnête, franc et déterminé, sensible sous ses allures d’un personnage froid.
À titre de maire, il a toujours pris des décisions pour le mieux-être des citoyennes et des citoyens de Lévis.
Personnellement à son contact, j’ai acquis des connaissances et j’ai bien aimé travailler avec lui, même si ce n’était pas toujours facile.
Jean-Marc Lessard
Économiste au gouvernement du Québec (1980-2010)
Maire de la ville de Lauzon (1974-82 et 1986-90)
Lorsque Jean a été élu député du comté de Lévis le 15 novembre 1976 j’étais maire de Lauzon depuis deux ans. Je constatais, comme tous les citoyens de Lauzon, que tous les logements sociaux (pour personnes âgées et pour familles) du comté étaient construits dans la Ville de Lévis au bénéfice des citoyens de Lévis. Il n’y en avait aucun à Lauzon. Au cours de son premier mandat, des centaines de logements sociaux ont été construits à Lauzon au grand dam de ses amis libéraux du comté.
Comme politicien Jean avait cette faculté assez unique de consacrer beaucoup de temps à consulter ses « clients ». A cet égard, la Loi sur la protection du territoire agricole en est un exemple. Avant lui, plusieurs gouvernements avaient tenté sans succès de légiférer pour protéger les terres agricoles. Une telle législation heurte les intérêts d’une multitude de personnes, de municipalités, d’entreprises, d’organismes publics et même d’agriculteurs.
Avec une patience angélique Jean a rencontré des milliers de personnes, dont beaucoup d’agriculteurs et des députés des autres partis politiques pour élaborer une loi qui réponde vraiment aux besoins de la société et qui tienne compte des intérêts de chacun.
Laurent Lessard
Notaire, maire de Thedford Mines (1999-03), député de Frontenac (2003-18),
Ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (2017-18))
Il se lève une personne par génération de la trempe de Jean Garon. L’honorer est la moindre des choses et surtout un honneur pour une ville.
C’est donc avec plaisir et enthousiasme que j’appuie le projet de la famille de monsieur Jean Garon quant à la désignation d’une portion de la Route du Président-Kennedy sous l’appellation Boulevard Jean-Garon.
Michel Lessard
Historien de l’art, professeur, UQÀM
Comme les Lévisiens, j’ai aimé Jean Garon. Homme d’état engagé au service du bien public, notre ancien maire et député-ministre Jean Garon m’apparaît comme une des trois plus importantes personnalités ayant servi notre municipalité de Lévis. Les deux autres seraient Alphonse Desjardins et Louis Fréchette.
Ministre visionnaire, monsieur Garon a toujours fait la promotion de notre sécurité et de notre autosuffisance alimentaire, une des valeurs majeures portées par le gouvernement québécois en cette ère de pandémie. D’autre part, l’homme a toujours laissé la porte ouverte de son bureau, coin Guillaume-Couture et Kennedy, à tous ses concitoyennes et concitoyens. Je réitère donc ma proposition de rebaptiser le segment de la route Kennedy traversant notre territoire en boulevard Jean-Garon.
Benoît Lévesque
Professeur émérite, département de sociologie, UQÀM
Comme professeur universitaire et chercheur dans le domaine des coopératives et du développement régional, j’ai suivi avec grand intérêt la carrière politique exceptionnelle de Jean Garon qui s’échelonne sur plus de trois décennies.
Il avait une formation non seulement en sciences sociales et en économie; mais aussi en droit; cet heureux mariage disciplinaire le servait bien.
Un homme qui ne passait jamais inaperçu et qui ne laissait personne indifférent : une présence imposante, un franc parler, un langage coloré avec de métaphores inattendues et un humour décapant.
Un homme de contenu capable de rigueur et de persévérance comme en témoigne sa présence pendant presque dix ans comme ministre de l’agriculture, un ministère considéré exigeant.
Un homme de conviction : indépendantiste de la première heure, défenseur du monde rural et protecteur du sol agricole, promoteur de la coopération et des initiatives entrepreneuriales qui s’y rattachent. Ceux et celles, qui ont connu Jean Garon, ne peuvent l’oublier et souhaitent qu’on se souvienne de lui.
Thomas Mulcair
Avocat, député de Chomedey à Québec (1994-07), ministre de l’environnement du Québec (2003-06), député d’Outremont à Ottawa (2007-18), chef du NPD (2012-17), chef de l’opposition à Ottawa (2012-15)
Jean Garon était un extraordinaire ministre qui a marqué l’histoire du Québec. Il était aussi, peut-être avant tout, un très fier Lévisien. Comme maire il a toujours démontré son attachement indéfectible à sa Ville. Dans son travail de député aussi, il s’est battu pour sa Ville et sa région. Il serait tellement approprié de reconnaître cet homme et son dévouement en donnant son nom à cette grande artère.
Pierre-Karl Péladeau
Homme d’affaires
Personnage coloré, bouillant même, aux opinions claires qu’il ne se gênait pas de partager, Jean Garon, le politicien aguerri qu’il était comme l’homme, affichait une détermination fonceuse pour le développement du Québec et pour l’égalité de ses citoyennes et de ses citoyens. Qu’on se souvienne de lui pour son engagement, pour sa verve de libre penseur, pour sa Loi sur la protection du territoire agricole ou comme premier maire de la nouvelle ville de Lévis, il s’est inscrit dans notre cheminement collectif comme nation. Il a marqué notre histoire.
C’est sans hésitation que j’appuie la proposition de la famille et des proches de Jean Garon de donner son nom à la portion lévisienne de la route du Président-Kennedy. Jean Garon mérite notre reconnaissance. Il en va de notre devoir de mémoire.
Matthias Rioux Ph.D
Vice- président de la SOPOQ
Ex-ministre du Travail et député de Matane de 1994 à 2003.
Jean Garon
Entre l’ombre et la lumière
La seule évocation du son nom, spontanément et à juste titre, le ministre atypique de l’Agriculture du gouvernement de René Lévesque revient habiter l’imaginaire collectif. Le nom résonne, il est puissant. Le personnage haut en couleur est un dialecticien redoutable et la confrontation des idées ne l’effraie pas. Du reste, sa formation d’économiste et de juriste l’y a préparé. En vérité, une figure publique marquante symboliquement chargée. Cependant, en marchant dans les rues de mon quartier (Saint-Romuald), j’ai constaté que la notoriété découle parfois d’un événement, d’un discours ou d’un exploit qui résume tout. En demandant aux marcheurs quelle est la réalisation la plus signifiante du politicien Jean Garon ? À ma grande surprise, une image un peu réductrice du personnage en est ressortie. Une perception qui donne à penser que le parcours impressionnant du célèbre ministre se résume à une réalisation : « Le zonage agricole ». Sans être fausse, l’impression fait néanmoins l’impasse sur l’œuvre plurielle incarnée dans des missions stratégiques de l’État comme l’Agriculture, les Pêcheries, l’Alimentation (MAPAQ) de même que l’Éducation et bien entendu, la mairie de Lévis.
Par ailleurs, il me plaît comme Gaspésien, fils de cultivateur et diplômé en science agricole à l’École de Val-d’Espoir, de mettre en lumière la puissance du message adressé au monde rural par le ministre Garon en procédant au zonage agricole. Mon vénéré père qualifia cette réforme de « cadeau du ciel ». En effet, le geste social et économique du ministre fut perçu en région comme une révolution. D’autant qu’elle bouscula au passage certaines élites du syndicalisme agricole et les establishments du grand capital. La Loi 90, sur la protection et le zonage des terres agricoles fut et demeure, à tous égards, une politique publique audacieuse et démocratiquement libératrice. Elle marque la rupture entre l’agriculture de subsistance et le début de la réappropriation de notre territoire à des fins de développement et de valorisation du monde rural.
Cela fut rendu possible par la volonté, voire, l’entêtement d’un homme décidé à protéger la mince fraction de sol cultivable (2,5% du territoire québécois) des lobbies de l’immobilier, garder en vie les petits agriculteurs locaux, pour ultimement sauver des villages et nourrir le peuple. Les agronomes parlèrent d’un changement de paradigme. Ajoutons que Jean Garon, le visionnaire, aura laissé en héritage aux Québécois des valeurs économiques et sociales profondes : l’amour du sol, le respect de la classe agricole, celle qui travaille au quotidien à la production de biens essentiels, avec à la clé, une idée généreuse chère aux yeux de l’économiste Garon : la souveraineté alimentaire. Un concept innovant et lumineux qui par bonheur s’est installé dans la durée. À telle enseigne que le gouvernement de François Legault a placé la souveraineté alimentaire, comme fer de lance de sa politique de développement économique des régions ressources.
L’heureuse coïncidence a le mérite de ramener à la mémoire de nos contemporains que les bonnes idées ne meurent pas, même si elles cachent derrière elles, des bâtisseurs de pays. Pour contrer l’abîme de l’oubli, il incombe aux décideurs publics d’afficher leur nom dans les rues ou sur les murs de nos villes et villages.
Depuis son décès, l’homme fort de Lévis a pris le chemin de l’ombre. C’est dans l’ordre des choses diront certains. Si sa présence humaine est immatérielle, sa pensée lumineuse nous habite toujours et son héritage est parlant. Il appartient désormais aux élites municipales de Lévis de rendre visible aux citoyens leur maire fondateur et leur député/ministre bâtisseur. Du reste, la part considérable de Jean Garon au domaine agricole est reconnue et son nom est inscrit à jamais au patrimoine agricole du Québec. Le moment est venu de franchir une autre étape afin de donner à Jean Garon, la place qui lui revient au sein du patrimoine politique du Québec.
Ceux et celles qui l’ont aimé et fréquenté en appellent aux acteurs politiques de la Ville de Lévis pour qu’une artère importante de l’arrondissement Desjardins soit nommée Jean Garon. Un geste au demeurant, empreint de noblesse est demandé aux élus. Puissent-ils prendre de la hauteur et reconnaître d’emblée, l’oeuvre d’un géant de chez nous. Lui, Garon, le ministre hors normes, le député attentif aux besoins de ses citoyens. Et lui, le maire visionnaire qui a redessiné les contours de cette grande Ville qu’il a appelé de tous ses vœux. Cette Ville vouée à un brillant avenir est aujourd’hui partenaire dans la construction économique et sociale de la grande région de la Capitale nationale.
Honorer et célébrer régionalement et de façon exemplaire la mémoire de Jean Garon, c’est répétons-le, participer à la mise en valeur et à la promotion du patrimoine politique du Québec. Si d’aventure, le projet soumis aux autorités municipales advient, la Société pour la protection du patrimoine politique du Québec (SOPOQ) sera à côté de la Ville et avec tous ceux et celles qui se passionnent pour la conservation et la diffusion du patrimoine politique et son rayonnement local, régional et national.
Germano Rocha
Auteur, compositeur, interprète d’origine portugaise,
propriétaire du restaurant « Le Portugais » à Québec (1983-2001)
Jean Garon c’était un homme profondément honnête et grand connaisseur des sujets cruciaux dont il avait la charge.
Comme québécois d’origine portugaise, je n’oublierai jamais l’hommage que M. Garon, alors ministre de l’éducation, a rendu au père de la langue portugaise et grand poète Luis Vaz de Camões (1524-1580) à l’Assemblée Nationale.
Je garde aussi dans ma mémoire les soirées inoubliables passées au Restaurant Le Portugais à Québec en présence de M. Jean Garon et du député-poète Gérald Godin.
Lors d’une de ces visites à mon restaurant, M. Garon a écrit :
« Quand j’écoute chanter Germano Rocha, je sens passer un vent de liberté qui vient du large du Portugal. C’est ce dont le Québec a le plus besoin depuis longtemps et, particulièrement, dans cette période que nous vivons. Germano, continue à chanter la liberté ! Merci ! Jean Garon »
Pierre-Paul Sénéchal
Ex-conseiller socio-économique, Gouvernement du Québec
Président du Groupe d’initiatives et de recherches appliquées au milieu (GIRAM)
Ma première rencontre avec Jean Garon remonte à aussi loin qu’au début des années 1960. À cette époque, il se donnait à fond dans son projet de tournées politiques régionales. Il était jeune, intense, fougueux, déterminé, convainquant. Étudiant au Collège d’Alma, il m’a donné le goût de diriger mes études universitaires vers les questions de politiques et de développement économique. La magie des parcours convergents fera en sorte que, quinze ans plus tard, on se retrouve sur les mêmes champs de bataille, lui comme ministre influent du gouvernement Lévesque, moi comme responsable du contenu des opérations de concertations socio-économiques menées par ce gouvernement.
Que retenir essentiellement de l’homme? D’abord, une fidélité absolument inébranlable à l’égard de ses idéaux de jeunesse : l’indépendance et la prospérité de son peuple. Une vision d’avenir pour tout ce qui concerne la mission de l’État et la primauté de l’intérêt commun. Une rigueur sans compromis dans la réalisation de ses mandats. Une grande connaissance de l’âme du peuple québécois. Des qualités qui font toute la différence entre un politicien professionnel et un homme politique. C’est précisément en raison de tout cela qu’il a su mener avec succès et contre tous assauts, ses ambitieux chantiers de la protection du territoire agricole et de la modernisation de l’agriculture québécoise. Il était, je crois, habité par ce vieux crédo toujours d’actualité: « La richesse d’un pays ne réside pas dans les billets qu’il imprime à volonté, mais dans son agriculture et son industrie ».
Rarement, un ministre n’aura su imprimer de façon aussi tangible sa marque sur notre vécu collectif. La Loi sur la protection du territoire agricole est son principal héritage. Une loi fondamentale qui conditionne pour le mieux et pour toujours, le déploiement du peuplement et de l’activité économique sur toute la partie habitée du Québec. Ne serait-ce que pour cette réalisation, il aura bien mérité de la patrie.
Denis Vaugeois
Historien, éditeur et ancien ministre des Affaires culturelles sous René Lévesque
Jean Garon a été le ministre le plus populaire du premier gouvernement Lévesque.
Il a été aussi, et de loin, le meilleur ministre de l’agriculture de l’histoire du Québec.
Quelques souvenirs…
(i) Un fin politicien
En Chambre, l’opposition avait décidé de s’attaquer au ministre le plus populaire du gouvernement Lévesque.
Un jour, un député de l’opposition pose à Jean Garon une question dans laquelle il est question d’un petit terrain à côté d’un grand « zoné agricole ». Les gens se regardent. Garon est visé personnellement mais c’est ambigu. Les libéraux applaudissent, les péquistes dont plusieurs n’aiment pas le zonage agricole prôné par Garon, manifestent par des murmures. Les libéraux répondent par des huées.
Jean est vite debout, bien droit, les pouces accrochés à sa veste, il se nettoie la gorge et lance à son adversaire libéral: » Je n’ai pas bien compris question, le député pourrait-il la répéter? »
Je suis le voisin de Jean et j’ai très bien compris ce dont il s’agit. Je tire un peu sur son veston et lui souffle: » Il veut savoir…. ». D’un geste brusque, il me fait taire. Le député se lève et s’exécute mais avec encore plus de difficultés que la première fois à formuler sa question. Il s’enfarge, hésite et enfin se rassoit soulagé, sous les moqueries des péquistes. Jean Garon, superbe, sûr de lui, entreprend de river son clou à son adversaire.
Les péquistes jubilent, les journalistes de la tribune se tordent de rire.
Jean se rassoit, se penche vers moi et me murmure: « J’avais très bien compris la question, je l’attendais d’ailleurs. Quand je demande qu’on répète la question c’est parce que la deuxième fois, c’est toujours pareil, mon vis-à-vis a de la difficulté à la reformuler. C’est un classique! Et aussi ça me donne le temps de bien préparer ma réponse et de l’envoyer au plancher ».
J’ai beaucoup appris de mon voisin de banquette. J’adorais sa détermination et son sens de la répartie.
(ii) La culture avant l’agriculture
C’est la dernière séance du Conseil du trésor avant Noël. En tant que vice-président du conseil, je préside la réunion, M. Parizeau ayant été requis à une rencontre de négociations avec la fonction publique.
On vient me prévenir que Jean Garon est dans l’antichambre. Impatient, semble-t-il. Mon plan de développement des bibliothèques publiques est le prochain point à l’ordre du jour.
On le reportait d’une semaine à l’autre depuis quelques semaines. J’évitais d’abuser de mon rôle mais cette fois j’étais décidé à entendre le rapport des analystes.
Le conseil fit une pause et j’allai voir Jean. Nous partagions les mêmes convictions sur plusieurs sujets dont le zonage agricole qui restait un sujet de division. « Tu peux compter sur moi, Jean, mais il faut absolument que je fasse passer mon plan concernant les bibliothèques ». « O.K. Denis, on racontera que, ce jour-là, la culture est passée avant l’agriculture ». (Voir Denis Vaugeois, L’Amour du livre. p. 62)
(iii) Près du peuple
Une autre fois, j’ai quitté le Parlement pour aller régler un problème sur la rue Maguire. « Jean, je me sauve. Il y a eu du vandalisme sur la Maguire ». J’étais en discussion avec des ouvriers présents sur les lieux, quand je vis Jean s’approcher de nous pour s’informer. » Il était inquiet pour moi. Les ouvriers se poussaient du coude. « Mais oui, c’est Garon ! Garon bien en chair ». Le temps de le dire, un embouteillage se fit sur la rue en face de la librairie et du magasin de disques. Les gens affluaient de partout pour voir le ministre Garon. « Tu sais, c’est toujours comme ça. Partout où je vais… » La suite s’est perdue dans les murmures de la petite foule…